C'est souvent la première question des gens qui commencent à comprendre comment ça fonctionne, parfois avant même qu'on leur ait raconté que c'est le seul instrument à vent qui permet de boire en jouant.
La réponse est non. Je suis sûr que quelqu'un va m'objecter qu'il a entendu parler de quelqu'un qui... C'est possible, mais en creusant un peu il est probable que c'est quelqu'un qui accompagne le chant avec les bourdons. En fait il y a deux problèmes. D'abord un problème psychomoteur (essayez un peu de chanter tout en tapant verticalement votre tête et en frottant circulairement votre ventre avec les mains, et en accélérant un des mouvements pendant que vous ralentissez l'autre, etc), puis un problème mécanique (essayez un peu de chanter de façon convaincante en comprimant fortement votre cage thoracique au niveau du diaphragme).
Beaucoup de débutants, et même de moins débutants, sont sujets à une crispation progressive des doigts qui commence par laisser les marques des trous sur les phalanges, et finit par empêcher de jouer certaines ornementations puis carrément certaines notes. Plusieurs forces sont probablement en cause:
la concentration sur plusieurs mouvements contradictoires dont il a été question au dessus,
la force exercée par les bras sur le sac et le soufflet, qui finit avec la fatigue par descendre dans l'avant-bras puis dans la main,
le souci de maintenir l'étanchéité des trous alors que la sensibilité des phalanges est plus faible que celle des bouts de doigts,
la vitesse du mouvement des doigts qui impose de leur appliquer une force qu'avec la fatigue on maintient sans raison entre les notes,
la douleur des trous qui marquent les phalanges provoque un cercle vicieux en augmentant la crispation.
Pour s'en défaire, il importe d'abord, avant son arrivée, d'être conscient de ce qui le provoque. Quand on commence à sentir son effet quelques trucs peuvent permettre de le faire disparaître ou au moins ralentir:
se concentrer sur la souplesse des coudes et des poignets (le maintien de la pression de l'air n'a aucune raison de faire intervenir les muscles du bras et encore moins de l'avant bras),
ouvrir la bouche (bizarrement la prise de la mort se traduit aussi par une crispation de la machoire, et il semble qu'inversement vaincre cette crispation a un effet sur les doigts),
comme partout un peu d'entraînement ne fait pas de mal; il consistera à rechercher et à maintenir la pression la plus faible, suffisante pour assurer l'étanchéïté du chalumeau fermé.