traduit à partir de www.climateactionproject.com/docs/Essay_Sustain_R_Anderson.pdf et http://environment.research.yale.edu/documents/downloads/o-u/TheComingTransformation.zip) par Michel Roudot

La Soutenabilité en Action : Changer de Façon de Penser et Mieux s'y Prendre

Ray C. Anderson

Fondateur et Président, Interface, Inc.

Mon intention dans cet essai est d'ouvrir une porte d'une façon dont vous n'avez peut-être jamais entendu parler auparavant et de vous inviter à entrer par cette porte dans un monde que vous n'avez peut-être jamais vu auparavant.

Mais d'abord, je veux me présenter. Je suis marié, père de deux filles, beau-père d'un beau-fils, grand-père de cinq superbes petits-enfants, et je suis un industriel, certains diraient un industriel radical, mais avec autant l'esprit de compétition que quiconque, et autant tourné vers le profit que quiconque. J'ai passé les 53 ans de ma vie professionnelle dans l'industrie. J'ai créé ma société Interface, Inc., à partir de zéro, de juste une idée il y a 36 ans (1973), consistant à produire des dalles de moquette en Amérique pour le "Bureau du Futur." Aujourd'hui elle vaut un milliard de dollars et vent dans le monde entier des dalles de moquette et des tapis en grande largeur, principalement pour des intérieurs commerciaux et institutionnels, mais aussi des dalles de moquette pour la maison sous la marque FLOR®. Nous exploitons des installations de production sur quatre continents, avec des ventes dans 110 pays.

Maintenant, passez cette porte dans mon monde. Mais ce n'est pas la porte typique dans l'industrie que vous imaginez. Entrez dans un cadre industriel assez inhabituel et regardez la soutenabilité en action, ma passion pendant les 15 derniers de ces 53 ans. Le sujet de cette visite ? Acquérir le sens de ce qui est possible. Cependant, vous devrez être disposé à penser aux analogies avec votre propre organisation pour tirer le plus de profit de cette visite. Donc je vous invite à apprendre, tant explicitement que par analogie.


Un ingénieur mécanicien est chargé de concevoir une chaîne de production pour produire le même produit au même rythme de production que la chaîne de production qu'il a conçue et construite 10 ans auparavant. Le processus nécessite de pomper une grande quantité de liquide visqueux. Cette fois, il le conçoit pour utiliser 93 pour cent de moins de puissance (1/14 autant !). Comment cela peut-il être possible ? Cette fois, il spécifie des gros tuyaux et de petits moteurs pour pomper le matériau visqueux, au lieu de tuyaux étroits et de gros moteurs. Il s'arrange pour installer les gros tuyaux droits, et courts d'abord et installer la chaîne de production ensuite, plutôt qu'installer la chaîne de production d'abord et courber les tuyaux çà et là pour les adapter à la ligne. Il a en grande partie vaincu l'ennemi de la pompe, le frottement. Il sait maintenant que le frottement varie comme l'inverse de la puissance 5ème du diamètre du tuyau et que chaque courbe dans un tuyau augmente encore le frottement et diminue l'efficacité, comme le fait la distance (c'est-à-dire, la longueur du tuyau). Chaque ingénieur n'apprend il pas ces choses à l'école ? Apparemment non ; c'est une "nouvelle façon de penser". Oh, oui, la chaîne de production entière coûte moins à construire que son homologue construite 10 ans auparavant, et moins à exploiter. L'ingénieur a pratiqué l'optimisation de système entier, une nouvelle façon de penser qui venait d'à peine 10 ans auparavant.


Un directeur d'usine de tapis en Californie du sud, où il y a beaucoup de soleil, rêvasse sur la possibilité d'utiliser des panneaux photovoltaïques pour produire un peu de l'électricité de l'usine directement à partir de la lumière du soleil. Il explore et découvre qu'une aide d'état est disponible pour ce genre de projets; alors il demande à son comptable de mettre au point une justification. Même avec l'aide de l'état, le projet n'est pas équilibré, selon le comptable, qui étudie sérieusement les coûts de l'investissement et de l'énergie.

Mais le directeur ne renonce pas. Il demande à ses collègues du marketing et ventes, "Est ce que vous pouvez vendre des tapis 'solaires', quelque chose que personne n'a jamais vu avant ?" Ils répondent, "chiche !" Et aujourd'hui, 127kw de courant photovoltaïque, produite à l'usine sont connectés au réseau de Californie, produisant tant d'électricité que, si elle était utilisée dans le processus de production de l'usine, elle permettrait de produire un million de mêtres carrées de tapis "Solar-made®" par an, produisant les ventes supplĂ©mentaires que le comptable avait oubliées en se préoccupant des coûts.

Les décisions sur la soutenabilité, prises globalement en incluant le marketing et les ventes et les clients, sont de meilleures décisions. C'est une nouvelle façon de penser déclenchée par un marché réceptifs, des vendeurs astucieux et une innovation technique de la nouvelle révolution industrielle la révolution solaire.


Un responsable technique d'usine appelle son collègue à la mairie dont dépend son usine. La conversation se déroule comme ceci : "Dis donc, Patrick, la municipalité a cette décharge non réglementée la à l'est de la ville. Tu as une idée de la quantité de méthane qui se dégage, et qui part directement dans l'atmosphère ?" L'ingénieur de la ville répond, "Non, mais je ne pense que ce soit beaucoup." "Pourquoi ne pas vérifiez ?" "OK, je te rappelle." Il vérifie et il est stupéfait de la quantité de méthane qu'il y a et à quel point l'odeur est répugnante dans le quartier pauvre voisin. Vingt vautours qui tournent au dessus l'attestent.

Les deux ingénieurs commencent à collaborer et un an plus tard un partenariat public-privé est consolidé. La ville investit 3 millions de $ de capital pour capturer le méthane et l'envoyer par canalisations à l'usine située à six kilomètres. L'usine investit 50 000 $ pour adapter deux chaudières, qui représentent 26 pour cent de la consommation d'énergie totale de l'usine, pour substituer le méthane de la décharge au gaz naturel précédent. Les deux conviennent d'un prix pour le gaz qui est 30 pour cent inférieur àcelui du gaz naturel (par unité d'énergie). Les calculs indiquent que la décharge aura une vie d'environ 40 ans, ce qui se traduit par un flux de revenu pour la ville, au prix actuel, de quelques 35 millions de $ (pour un investissement de 3 millions de $) ! Un avantage supplémentaire apparaît : Avec l'extraction du méthane, le volume total de la décharge diminue, augmentant assez sa capacité pour permettre à la ville de reporter l'ouverture de sa décharge suivante pendant environ 15 ans. C'est une nouvelle et synergiste façon de penser "win-win-win".

Récapitulons qui a gagné :

  1. La ville récolte un énorme retour financier sur son investissement, en convertissant un flux de déchets polluant en un flux de revenu lucratif et en reculant pendant des années le coût d'ouvrir une deuxième décharge.

  2. Une nuisance publique repoussante est éliminée, une injustice environnementale corrigée.

  3. L'usine réduit ses coûts énergétiques.

  4. La terre est épargnée d'un gaz à effet de serre (GES) qui contribue 21 fois plus que le dioxyde de carbone au réchauffement climatique (le méthane est en fait un GES 60x plus puissant que le CO2 mais il reste dans l'atmosphère moins longtemps).

  5. L'usine reçoit un crédit de compensation de gaz à effet de serre de 21 x 6 % = 126 % de son utilisation totale d'énergie et peut maintenant déclarer ses opérations "neutres pour le climatique" sans contribution nette au réchauffement climatique. Pour un modeste investissement supplémentaire dans des compensations vérifiables l'usine peut neutraliser la contribution au réchauffement climatique des gaz à effet de serre de sa chaîne d'approvisionnement entière et déclarer que ses produits sont "climatiquement neutres" pour leur cycle de vie complet, certifié par un tiers. La branche marketing de l'usine réalise l'attrait sur le marché du "climatiquement neutre" et nomme ses produits neutres pour le climat "Cool Carpet®", qui devient un énorme succès marketing, contribuant à des ventes supplémentaires et remontant l'image de la société de façons que la publicité ne pourrait jamais obtenir à quelque coût que ce soit.

Sans surprise, nous voyons que les déchets peuvent être des aliments, comme dans la nature. Dans la nature les déchets d'un organisme sont la nourriture d'un autre. Qu'est ce que la nature a à voir avec les affaires ? Nous allons voir.


Un créateur de produit, contrarié par le manque d'avancées dans la mise en oeuvre de la conception soutenable, implore, "Faisons quelque chose, quoi que ce soit !" Donc un concepteur re-conçoit un produit typique pour utiliser 4 pour cent de moins de son composant matériel le plus cher et coûteux en énergie (dans ce cas, le nylon Dupont). Le produit re-conçu se comporte bien dans tous les tests habituels, aussi pour l'instant, on le considère comme étant le "quelque chose" que le créateur appelait de ses voeux.

Mais un ingénieur, appliquant les nouvelles façons de penser, se pose des questions sur l'effet en amont de cette sorte de modification de la conception si elle était appliquée à travers toute la gamme de produits de l'usine. Donc il pose à Dupont une question que l'on n'a jamais, jamais demandé à Dupont auparavant : "Combien d'énergie Dupont a-t-elle dépensé de la tête de puit à mon quai de réception pour fabriquer et livrer ce morceau de nylon ?" Nous savons maintenant appeler ceci "l'énergie grise, ou incorporée." La réponse de Dupont est appliquée par l'ingénieur, théoriquement, à travers la ligne de production hypothétiquement reconçue, et à sa stupéfaction et celle de tout le monde, sur une base annualisée il s'avère que cela fait assez d'énergie non utilisée par DuPont (appelons-la "nega-énergie") pour faire fonctionner toute l'usine de l'ingénieur pendant la moitié de l'année !

Aujourd'hui le produit moyen de cette usine contient 17 pour cent de moins de nylon qu'il y a 10 ans; tout fonctionne extrêmement bien et la compensation créée en amont est équivalente à plus de deux ans de nega-énergie (au grand bénéfice de la Terre) chaque année. On appelle maintenant cette approche la dé-matérialisation par conception écologiquement consciente. C'est une nouvelle façon de penser qui considère les effets amont comme une optimisation globale de système d'un autre type, avec des frontières de l'analyse étendues, remontant dans la chaîne d'approvisionnement aussi loin que la tête de puits. Cette nouvelle façon de penser nous rappelle que chacune de nos sociétés ou organisations est sa chaîne d'approvisionnement entière. Personne n'est seul.


Une équipe de techniciens, de personnel de production et de designers de produit collabore pour trouver une autre façon de créer un tapis à motifs. La voie conventionnelle, employée pendant des années par l'usine et ses principaux concurrents, est d'imprimer des motifs sur des bases de tapis de couleur unie. L'impression est forte consommatrice d'eau et d'énergie, nécessitant l'application d'une teinture en phase aqueuse, la fixation de la teinte par de la vapeur à haute énergie, le lavage pour enlever l'excès de teinture non fixée et un séchage intensif en énergie pour enlever l'eau de lavage. L'excès d'eau de lavage et de teinture nécessite aussi un traitement chimique avant d'être rejeté à l'égoût.

Mais la nouvelle façon de penser suggère que la machine à poser les poils qui forme le côté pile du tapis, en premier lieu, a le potentiel inexploité de placer précisément les touffes de fil des couleurs choisies pour former des motifs très complexes. La décision audacieuse est faite de brûler les vaisseaux et d'abandonner complètement l'impression et de se débarasser des investissements existants, maintenant inutiles. N'ayant maintenant plus qu'un moyen de créer des motifs, que demande le marché, les efforts de développement aboutissent à d'entièrement nouvelles familles d'inventions brevetées, donnant à l'usine un avantage technologique, plutôt qu'un handicap, sur son marché.


Qu'est ce que la nature a à voir avec quoi que ce soit ? Une des inventions brevetées de l'exemple précédent résulte de la mission scandaleuse assignée par le Chef du Design à son équipe de conception : aller dans la forêt et voir comment la Nature concevrait un revêtement de sol, "... et ne revenez pas avec des motifs de feuilles (dit il); ce n'est pas ce que je veux dire. Revenez avec les principes de conception de la Nature." Le Chef du Design avait lu Biomimétisme de Janine Benyus. (Biomimétisme : la Nature comme professeur, la Nature comme inspiration, la Nature comme mentor et mesure.)

Donc l'équipe de conception passe une journé à étudier le sol forestier et les lits de cours d'eau et ils en viennent à se rendre compte qu'il y a une diversité totale, et même le chaos, aucune chose n'est semblable à une autre, ni deux bouts de bois, ni deux caillous, ni deux feuilles. Et pourtant il y a un ordre très agréable dans ce chaos. Alors les designers retournent à l'agence de design et conçoivent une dalle de moquette telle que les motifs d'aucune dalle ne soient identiques. Toutes sont semblables, mais chacune est différente, contrairement au paradigme industriel dominant selon lequel chaque article produit en masse doit avoir la même uniformité à l'"emporte-pièce" du Six Sigma. La nature, l'inspiration, est ce que vous voulez mais pas uniforme à l'emporte pièce. Elle ne sait rien du Six Sigma, mais elle est très efficace.

Ce nouveau produit est mis sur le marché sous le nom "Entropy®" (un terme scientifique associé au désordre), et en un an et demi il monte au sommet de la liste des best sellers, plus rapidement qu'aucun autre produit ne l'a jamais fait. Les avantages de briser le vieux paradigme, insistance sur la perfection et l'identité, sont étonnamment nombreux : Il n'y a presque aucune rejet et aucune non-qualité dans la production. Les contrôleurs ne peuvent pas trouver les défauts parmi les "imperfections" délibérées du "pas-deux-pareils". L'installateur peut installer les dalles très rapidement, sans devoir prendre le soin habituel pour que les raccords soient uniformes, moins c'est uniforme, mieux c'est ; donc il peut juste prendre les dalles dans la boîte comme elles viennent et les poser aléatoirement. Il n'y a presque aucun débris pendant l'installation; même les morceaux de dalles peuvent trouver une place dans l'installation. Et puis, l'utilisateur peut remplacer une dalle individuelle endommagée sans qu'elle se voie "comme le nez au milieu de la figure", comme c'est toujours le cas avec la perfection d'unee précision uniforme. En outre, il n'y a plus les problêmes de lots de teinture; les lots de teinture se mêlent indistinctement. Cela supprime le besoin de stock de réapprovisionnement (en tuiles supplémentaires) du lot de teinture original sur l'étagère du stock qui attend d'être utilisé. Et l'utilisateur peut même faire tourner les dalles de moquette sur le plancher pour égaliser l'usure, comme nous permutons les pneus sur nos voitures, et faire un remplacement sélectif des secteurs endommagés. Tous cela est bon pour l'environnement par l'augmentation de l'efficacité d'utilisation des ressources.

Pourtant, même avec tous ces avantages inattendus, on s'étonne : y a-t-il encore autre chose pour expliquer le succès d'"Entropy®" ? Peut-être. Un orateur qui intervient sur l'environnement commence chaque discours en demandant à son auditoire de fermer les yeux et de s'imaginer dans un endroit idéal de paix, de repos, de tranquillité, de sérénité, de créativité, de confort et de sécurité, une zone de confort parfait. Puis il demande, "Combien étaient quelque part en plein air ?" Et presque toutes les mains se lèvent. C'est extraordinaire ! La grande majorité d'entre nous humains nous précipitons vers la nature pour trouver cette zone de confort idéal. Je pense que, d'une façon ou d'une autre, Entropy® introduit l'extérieur à l'intérieur d'une façon subliminale, et c'est son réel attrait. Cette qualité a un nom : "Biophilie," inventé par le grand Biologiste de Harvard E. O. Wilson. Il y a un énorme force dans le biomimétisme et la biophilie. C'est une très nouvelle façon de penser. Aujourd'hui, une famille de 82 produits en tout est conçue sur les principes d'Entropy et représente plus de 40 pour cent des ventes pour l'activité entreprises.


Une équipe du même type, pensant "hors des sentiers battus" se demande, "Comment un gecko s'accroche-t-il à l'envers au plafond ?" La question surgit lors d'une session pour comprendre comment complètement éliminer la colle de la pose de dalles de moquette. Même les dalles de moquette à pose libres ont besoin d'un réseau 25 x 25 de fixations, collé au plancher pour créer une grille répétitive formant des "cadres" de dalles ancrées, à l'intérieur desquels les dalles libres sont posées sans colle. La session travaille sur la façon de se débarrasser complêtement de la colle.

Bien que la réponse n'utilise pas les forces de van der Waals, comme le gecko, la réponse est néanmoins complètement révolutionnaire. Un ruban adhésif repositionnable de 6x6 cm est posé, face collante vers le haut, sous chaque conjonction de quatre coins de dalle. L'effet est de connecter latéralement toutes les tuiles de l'installation, et de laisser ensuite la gravité tenir les dalles de moquette plaquées au plancher et en place, comme une moquette continue. Le côté collant vers le haut, et non vers le bas et seulement 36 centimètres carrés avec cela, moins de 2 pour cent de la surface de chaque dalle.

La nouvelle technique d'installation, nommée TACTILES®, donne au marché les premières dalles de moquette du monde totalement sans colle et devient un autre differentiateur breveté fructueux pour la société et ses produits. La colle peut être une source diabolique de composés organiques volatils (COVs) et contribuer significativement à une mauvaise qualité de l'air intérieure; mais désormais plus pour les clients de cette société, grâce à la nouvelle façon de penser. penser à l'envers; Les geckos et les dalles de moquette ? Qui l'aurait imaginé ?


Sept exemples réels de soutenabilité en action, menant à nouvelle façon de penser, des innovations imaginables et une réduction drastique de l'utilisation des combustibles fossiles.

  1. Optimisation global de système par des gros tuyaux courts et droits et petits moteurs, et non le contraire.

  2. Les déchets comme nourriture, convertis en un flux de revenus, une source d'énergie renouvelable et une compensation des gaz à effet de serre, plutôt que de continuer à polluer. Une usine climatiquement neutre et un win-win-win "Cool Carpet" et la suppression d'une injustice environnementale (un autre win).

  3. Des décisions globales d'investissement, justifiées non sur la base de coût, mais sur l'attrait commercial et un engagement au leadership, introduisant une nouvelle révolution industrielle la révolution solaire.

  4. Dématérialisation par "conception consciente" et pensée en amont. Le levier peut être là, l'énergie incorporée qui peut être évitée en amont par l'utilisation de moins de matériau en aval ? Personne n'est seul.

  5. Brûler ses vaisseaux, en abandonnant des technologies à fort impact pour des à faible impact et, par nécessité, en créant de nouvelles inventions et une meilleure façon de faire.

  6. Le biomimétisme comment la nature le ferait-elle ? L'attrait subliminal de la biophilie à nos impulsions limbiques incorporé dans la conception des produits, pour augmenter la satisfaction et le bien-être psychologique du client.

  7. Penser à l'envers.

Comme le physicien et expert en énergie Amory Lovins le dit, "la meilleure façon d'avoir de bonnes nouvelles idées est juste d'arrêter d'avoir les vieilles mauvaises idées."

Croyez-moi, je pourrais continuer sans arrêter avec des exemples de nouvelle façon de penser. Quinze ans de ce type de nouvelle façon de penser et d'innover, combinés avec une détermination à abandonner le confort du statu quo, peuvent produire des résultats inimaginables. Pourtant ça ne vient pas naturellement pour nous Homo sapiens, mais seulement par un engagement extraordinaire. Le statu quo est un puissant opiacé, n'est-ce pas? La rupture avec "On a toujours fait comme ça" est dure.

Pourtant, je connais une société industrielle qui a vraiment fait cette rupture dans la recherche totale, absolue, sans réserves de la soutenabilité et se transforme quotidiennement.

Par conséquent, je peux vous annoncer aujourd'hui que cette société, qui était autrefois si petro-intensive pour son énergie et ses matières premières que vous auriez pu dire que c'était une extension de l'industrie pétrochimique, depuis ce point de départ, avec la nouvelle façon de penser que je viens de décrire et un sens du but partagé, a pendant les 12 dernières années réduit ses émissions nettes mondiales de gaz à effet de serre (GES) de 71 pour cent, en tonnage absolu, par rapport à son niveau de 1996, en prenant en compte les acquisitions et les cessions (c'est-à-dire, en comparant ce qui est comparable). La moitié de la réduction est venue de l'efficacité et des énergies renouvelables et la moitié de compensations vérifiables. L'énergie la moins chère et la plus sécurisée de toutes est l'énergie non utilisée, par l'efficacité.

Pendant grossièrement le mêmes temps, la société a augmenté ses ventes brutes de 60 pour cent et son EBIT (bénéfices avant intérêt et impôts) a doublé (de 1996 à 2008). Les marges bénéficiaires se sont élargies, et non contractées.

Par conséquent, l'intensité en GES, par rapport aux ventes, est en baisse de 82 % ! C'est le niveau de réduction que l'économie mondiale doit atteindre avant 2050 pour éviter une perturbation catastrophique du climat. La leçon ici est : c'est possible.

Tout ce temps, cette société a traversé une longue récession industrielle de quatre ans qui a vu son marché principal se réduire globalement de 36 pour cent, et entraîner des cessions d'activités représentant environ 600 millions de $ de volume de ventes annuel maximal, pré-récession.

Vingt-quatre pour cent de ses matières premières viennent maintenant de sources renouvelables, soit recyclées soit bio. Son objectif : 100 pour cent renouvelable avant 2020.

De plus, son utilisation d'eau, de nouveau en comparant ce qui est comparable est descendue de 75 pour cent dans son métier de base, de 72 % globalement. Un facteur majeur a été l'abandon de l'impression coûteuse en énergie et en eau pour une façon plus efficace de créer des motifs avec ses dalles de moquette, brĂ»lant ce vaisseau. Son intensité énergétique totale est en baisse de 44 % et l'énergie dérivée de combustibles fossiles est en baisse de 60 pour cent. Son énergie électrique provient maintenant à 89 pour cent de sources renouvelables (huit de ses dix usines fonctionnent à 100 pour cent sur l'électricité renouvelable); tandis que 28 pour cent de l'énergie totale vient de sources renouvelables. Son objectif est 100 pour cent renouvelable avant 2020.

Un tiers de ses cheminées a été fermé, évitées par des changements de processus; 71 pour cent de ses tuyaux d'effluents ont été abandonnés, évités par des changements de processus. Son objectif est d'éliminer totalement les rejets gazeux et liquides dans l'environnement. Le dioxyde de carbone (CO2) des émissions de 185 millions de miles-passagers de transport aérien a été compensé par la plantation de 98,000 arbres, quoiqu'il y a certes un décalage entre l'émission et la croissance des arbres. Les émissions de CO2 de sa flotte de véhicules ont été complètement compensées, en coopération avec BP, par "trees for travel" et d'autres compensations coûtant moins de quatre cents par gallon (étonnant comme la neutralité-carbone peut être bon marché !).

Ses déchets industriels mis en décharge ont été réduits de 78 pour cent; et 80 000 tonnes de ses produits, à la fin de leurs premières vies utiles, ont été détournés des décharges par ses efforts de recyclage en boucle fermée (des précieuses molécules organiques sauvées pour leur donner vie après vie). Depuis 2003, elle a produit et vendu plus de 80 millions de mètres carrés du "CoolCarpet®" climatiquement neutre.

Ses rebuts totaux, signifiant faire tout, tout, bien du premier coup, sont réduit de moitié. L'effort d'élimination des rebuts a évité des coûts cumulant plus de 405 millions de $ au cours de ces quatorze ans, plus que la couverture de tous les coûts associés à la R&D, aux changements de processus et aux investissements en capitaux effectués dans la recherche de la soutenabilité. La soutenabilité s'est auto-financée.

Cette société estime qu'elle a réduit son empreinte environnementale totale de plus de 50 pour cent, peut-être 60 pour cent et d'ici 2020, croit qu'elle sera totalement soutenable avec une empreinte environnementale zéro : elle ne prendra rien à la Terre qui ne soit pas rapidement et naturellement renouvelable (pas la moindre goutte fraîche de pétrole) et ne fera aucun mal à la biosphère. Elle a publiquement exposé cet objectif et annonce annuellement son progrès, ou manque de progrès, sur son site Web de façon complètement transparente.

Cette empreinte réduite est reflétée dans chaque produit que la société produit n'importe où sur la Terre, pas seulement un ici et un là. Cette société ne croit simplement pas qu'elle ou quelqu'un d'autre puisse produire des produits verts dans une société "brune". Cette société croit en plus qu'elle deviendra réparatrice, en restituant plus qu'elle ne prend à la Terre et en faisant du bien à la Terre, pas seulement aucun mal, par le pouvoir de son influence et par son rôle comme Sherpa, guidant d'autres le long du chemin qu'elle balise en grimpant le "Mont Soutenabilité" cette très haute montagne mais, c'est très important, qu'elle démontre être escaladable.

Oui, la société est privée. Ses actions se négocient sur le NASDAQ. Son conseil d'administration est hautement indépendant et soutient aussi fortement cette mission de soutenabilité. Les administrateurs reconnaissent que l'image publique même de leur société, résultant de sa mission de soutenabilité, est un avantage compétitif sur un marché extrêmement compétitif.

Le personnel de cette société insistera sur le fait que que ces initiatives ont été étonnamment bonnes pour les affaires. Le cas est limpide : Ses coûts ont diminué et non augmenté, dissipant un mythe et exposant pas le faux choix entre l'économie et l'environnement rien que par ces 405 millions de $ d'élimination de rebuts !

Ses produits sont meilleurs qu'ils ont jamais été, parce que la conception soutenable, particulièrement le biomimétisme (l'inspiration dans la nature), a fourni une source inattendue d'innovation.

Son personnel est galvanisés autour d'un objectif partagé plus élevé. De meilleurs candidats postulent et les meilleurs employés restent et travaillent avec un but. Vous ne pouvez pas battre cela pour attirer les gens et les faire travailler ensemble.

Et la réputation sur le marché produite par cette initiative excède, de loin, ce que n'importe quelle somme de publicité ou dépense de marketing aurait pu produire.

Remarquez que je n'ai pas mentionné la réduction de risque, que je considère comme un sous-produit fortuit de bien agir, et cependant est le point où tant de discussions sur la soutenabilité commencent et finissent.

Cette société croit qu'elle a trouvé une meilleure voie vers des profits plus importants et plus légitimes, un meilleur modèle économique. Même pendant les jours les plus difficiles de récession profonde et de restrictions, en 2001 et de nouveau en 2008, il n'y a pas eu une pensé pour renoncer, pas une. La survie même de cette société est en grande partie attribuable à son initiative de soutenabilité, comptant sur les processus renouvelables, cycliques, basés sur le soleil, sans déchets, efficaces en ressources de la nature pour son inspiration.

Cette société accomplit ce qu'Amory Lovins veut dire par "si cela existe, cela doit être possible". Il y a quinze ans, si j'avais décrit une société industrielle hypothétique de cette façon, cela aurait été considéré comme impossible. Pourtant, comme dit Amory, si elle existe, cela ne doit pas être impossible après tout. Et cela ne pouvait pas arriver sans la nouvelle façon de penser, ce qu'Amory dit Edwin Land, l'inventeur et fondateur de Polaroïd, appelle, "la cessation soudaine de la stupidité."

‚a exige aussi que les chefs autorisent les échecs, mais l'apprentissage de l'échec et un nouvel essai. L'innovation radicale ne se produira simplement pas sans une volonté de risquer l'échec, mais en apprenant et en essayant de nouveau.

Je connais très bien cette société parce que c'est ma société, Interface et je sais de première main que tout ce que je viens de dire est vrai.



Quelqu'un a dit, "Chacun a juste une histoire à raconter, son ou sa propre histoire." Je viens de vous donner un extrait un peu longuet de mon histoire. Mais comment cet extrait particulier a-t-il vu le jour ? D'où est-il venu ? Eh bien, mon histoire est plus que cela.

En 1994, à 60 ans et dans la 22ème année de ma société, j'ai éprouvé quelque chose de totalement inattendu et sans précédent. Nous avons commencé à entendre une question nouvelle et récurrente de nos clients, particulièrement des architectes et des architectes d'intérieur, une question que nous n'avions jamais entendue auparavant : "que fait votre société pour l'environnement ?" Et nous n'avions pas de bonnes réponses. Pour aborder cette question inquiétante, nous avons formé un nouveau groupe de travail environnemental chez Interface. Son but : définir quelques réponses. Que faisions-nous pour ou à l'environnement ?

Les organisateurs du groupe de travail m'ont demandé de lancer le nouveau groupe de travail par un discours de démarrage, pour donner ma vision environnementale au groupe de travail. Eh bien, je n'avais pas de vision environnementale. De toute ma vie active, 38 ans à ce moment-là, je n'avais jamais accordé une pensée à ce que nous prenions à la Terre sauf pour m'assurer que nous ne manquions pas de matières premières ni à ce que nous faisions à la biosphère par la fabrication de nos produits, sauf pour obéir à la loi, pour être conforme. Alors, j'ai fait euh, j'ai bredouillé et ai traîné les pieds, mais ils sont restés sur mon dos. Finalement, je me suis adouci et ai accepté de parler. La date(le rendez-vous) a été définie, 31 août 1994.

Arrive la mi-août, je transpire. Je n'ai pas le moindre indice sur ce que je dois dire. D'une façon ou d'une autre, je sais que "être conforme" n'est pas une vision. C'est un moment propice. à ce moment-précis, par un pur heureux hasard, un livre atterrit sur mon bureau. C'est The Ecology of Commerce. Son auteur est Paul Hawken. Je n'ai jamais entendu parler de lui. Je le prends et commence à le feuilleter. Arrivé page 19, je suis en train de lire un chapitre intitulé, "La Mort de la Naissance" (imaginez). Arrivé page 25, c'est une lance dans ma poitrine, une révélation.

Le point central d'Hawken est en trois parties : 1) les systèmes vivants et les systèmes de soutien de la vie sur Terre sont en déclin. Nous humains dégradons la biosphère. (Mes conseillers experts me disent qu'il n'y a pas eu un article scientifique, dans une revue à comité de lecture, dans les 30 dernières années qui le réfuterait.) Si le déclin se poursuit de façon incontrôlée, nous, c'est-à-dire, nos descendants, perdrons la biosphère, la vivabilité de la terre; 2) Le principal coupable dans ce déclin est le système industriel, le système industriel linéaire "prendre-faire-jeter", arracher à la terre, le convertir en produits qui finissent en déchets dans une décharge ou un incinérateur, ou en gaz à effet de serre dans l'atmosphère; 3) la seule institution sur la Terre qui est assez grande, assez riche, assez omniprésente, assez puissante et assez influente pour conduire l'humanité hors du désastre qu'elle produit pour elle même est la même qui fait les dégâts les plus grands, l'institution du commerce et de l'industrie, mon institution. J'étais reconnu coupable séance tenante comme un pillard de la terre; et j'ai pensé en moi même, mon Dieu, un jour les gens comme moi iront en prison pour vol, le vol de l'avenir de nos petits-enfants.

J'ai pris Hawken au sérieux et j'ai utilisé son matériau pour faire ce discours de démarrage, avec presque plus de vision que je ne pouvais supporter. J'ai mis ce groupe de travail minuscule au défi de mener notre société vers la soutenabilité et au-delà, de devenir réparatrice. Je les ai juste abasourdis et me suis stupéfié avec ce nouveau grand défi en ma 61e année. J'ai simplement dit, "Si Hawken a raison et que le commerce et l'industrie doivent mener, qui mènera le commerce et l'industrie ? à moins que quelqu'un ne mène, personne ne fera. Pourquoi pas nous ?" Ils ont accepté le défi, j'ai trouvé un nouveau but dans la vie et pendant plus de 15 ans maintenant, j'ai été un pillard repentant. Les 3,200 employés d'Interface sont une part quotidienne de cette réparation.

Alors, comment nous, une société petro-intensive, sommes nous en train d'escalader le Mont Soutenabilité ? Je peux vous dire que la première décision a été la mienne : décider que nous allions y monter et articuler ce GHAO, ce grand, hasardeux, audacieux objectif en une vision pour ma société; et même quand beaucoup de gens pensaient que j'avais perdu les pédales, conserver le message, invariablement, constamment, année après année; et, deuxièmement, mettre les bonnes personnes dans leurs rôles et leur donner les moyens de le faire se produire. Mais, la décision la plus importante a été prise collectivement par le personnel d'Interface, un esprit à la fois, d'épouser cette vision stimulante.

En 1994, nous avons commencé où nous étions (comme chacun ?), avec un schéma, montrant toutes les connexions ou liens entre Interface et la Terre, sa lithosphère et sa biosphère directement et par nos employés, nos fournisseurs, nos clients et communautés. Alors nous nous sommes demandés, "Qu'est-ce qui ne va pas dans cette image ?" Nous nous le sommes demandé quand très peu de sociétés, voire aucune, où que ce soit se posaient une telle question sur elles.

De cette analyse est venu un plan, en termes d'escalade des sept faces du Mont Soutenabilité, pour atteindre tout en haut ce point au sommet symbolisant l'impact zéro (l'empreinte zéro). Ce plan est le coeur du livre que j'ai publié en 1998, intitulé Mid-Course Correction. J'esquisserai rapidement le plan pour vous, parce que je crois qu'il offre un modèle pour l'ensemble du système industriel, si ce système duquel (ne l'oublions pas) nous sommes chacun une partie, doit devenir soutenable dans l'avenir indéfini. Pendant que je décris notre plan, je vous recommande vivement de nouveau de penser de facon analogique à votre propre organisation. Trouvez les corollaires. Je crois que le modèle est universel, même si ce n'est que par analogie.

  1. Élimination des déchets. Éliminez jusqu'au concept même de déchets, en imitant la nature dans nos processus industriels. Dans la nature, je le répète, il n'y a aucun déchet ; les déchets d'un organisme sont la nourriture d'un autre. Cela signifie la re-conception et la ré-ingénierie révolutionnaire des process, la nouvelle façon de penser coupant les liens indésirables vers la Terre représentés par nos flux de déchets. Nous avons commencé par ici et avons fait de l'argent, c'est-à-dire, évité les dépenses, point par point (405 millions de $ cumulativement jusqu'à 2008). à propos, nous comptons toute énergie tirée des combustibles fossiles comme des déchets, par définition, à éliminer.

  2. Des émissions bénignes, pour ne pas faire plus de mal à la biosphère. Cela signifie remodeler les inputs de nos usines, en travaillant en amont. Ce qui entre dans nos usines sortira sous forme de produit, déchet, effluent, ou émission. Nous voulons éliminer les cheminées et éviter les tuyaux d'effluents, et à coup sûr éliminer tous les toxiques aussi bien que notre contribution au réchauffement climatique.

  3. L'énergie renouvelable, en se concentrant d'abord sur l'efficience énergétique, en exploitant ensuite le soleil, le vent, la biomasse et (un jour) l'hydrogène pour couper le cordon ombilical des combustibles fossiles avec la Terre et en fermant tout "écart carboné," si l'on peut dire, avec des compensations vérifiées de gaz à effet de serre.

  4. Des flux de matière en boucle fermés, pour couper le cordon ombilical matériel avec la Terre pour les matériaux vierges, fossiles, en créant des flux cycliques. Les technologies n'existaient pas quand nous avons commencé. Une par une elles tombent en place, y compris de commencer à utiliser les polymères de glucides pour remplacer les polymères d'hydrocarbures issus du pétrole et coûteux en énergie, en utilisant le dextrose de maïs comme matière première pour remplacer les matières premières fossiles, avec des impacts sur l'environnement significativement réduits "de la poussière à la poussière," avec une innovation biotech. Notre percée la plus récente est de commencer à introduire dans nos produits du nylon recyclé, type 6,6, quelque chose que les inventeurs du nylon, eux-mêmes, nous avaient dit impossible.

  5. Un transport efficient en ressources, pour réaliser la neutralité en carbone en éliminant ou compensant les gaz à effet de serre produits en déplaçant les gens et les produits.

  6. Des acteurs sensibilisés. C'est peut-être le plus important et ce qui doit venir en premier, parce que rien de durable n'arrive sans cela. C'est le changement de culture, le changement d'approche, sensibiliser et éduquer tout le monde, en changeant le point de vue des clients, des fournisseurs, des salariés et des communautés, inspirer des actions écologiquement responsables (les milliers de petites choses que chacun peut faire, et la grande chose occasionnelle). Nous nous connectons de façons plus significatives avec toutes les parties prenantes, particulièrement avec les fournisseurs et les clients sur des Analyses du Cycle de Vie (ACV) en utilisant le système de mesure le plus rigoureux au monde et nous nous connectons avec les communautés sur des initiatives éducatives.

  7. Une re-conception du commerce dépend de l'obtention correcte des six autres. Alors nous espérons être des pionniers de la vraie économie de service, qui va au-delà des gens vendant leurs services comptables, consultants, avocats, professeurs, serveurs, etc à la vente du service que nos produits fournissent, au lieu de vendre les produits eux-mêmes. Dans le cas des tapis cela signifie vendre la couleur, la texture, le design, l'acoustique, le confort, la propreté, l'ambiance, la fonctionnalité, vendre un service intangible, plutôt qu'un produit tangible en conservant la propriété des moyens tangibles de le fournir. Donner à ces produits vie après vie en flux matériels à boucle fermés provoque une amélioration diversifiée de l' efficience en ressources en utilisant la substance encore et encore.

Le succès sur tous ces sept fronts (une escalade réussie des sept faces) nous amènera au sommet et à notre but, "la Société Prototypique du 21e siècle" modelé d'après la nature (de nouveau, le biomimétisme). à quoi ressemblera-t-elle ?

Si je peux mettre une image en mots, elle sera : Fortement orienté-service au moyen de produits qui délivrent un service, de la même façon que la nature délivre ses propres services (des choses comme la régulation du climat, la pollinisation et la dispersion des graines, etc) . Elle sera efficiente en ressources, ne gaspillant rien; cyclique (finis les processus linéaires "prendre-faire-jeter"). Elle sera actionnée par l'énergie renouvelable (réduite au minimum/apportée par l'efficience); fortement connectée à tous les acteurs; les communautés engagées, les clients engagés, les fournisseurs impliqués dans la vision et connectés entre eux dans l'organisation. Tous ensemble, formant un éco-système, avec la confiance et la coopération remplaçant la confrontation, qui inclut la Terre et les générations futures dans des relations gagnant-gagnant-gagnant. Cette société sera bien en avance du processus réglementaire, le rendant essentiellement hors de propos ; ne retirant rien de lalithosphère terrestre qui ne soit pas naturellement et rapidement renouvelable et na faisant aucun mal à sa biosphère. Tous les liens indésirables, supprimés ! Des liens nouveaux, vitaux, à la place. Soutenable et juste, un exemple pour tous et réussissant en faisant le bien. Gagnant sur le marché, mais pas au détriment de la Terre, ni à la charge de nos descendants, mais à la façon de la Nature : au détriment de ceux qui s'adaptatent inefficacement, des concurrents qui ne comprennent pas le sujet. Grossissant, oui, même dans un monde sans croissance, si nous en arrivons là, en augmentant la valeur et la part de marché, mais pas l'empreinte et en diminuant l'usage de matériaux vierges, finalement jusqu'au zéro. Seul l'usage zéro des réserves de la nature en capital naturel extrait est soutenable au cours du temps évolutionnaire (le vrai long terme), en considération des milliers de générations d' Homo sapiens et de toutes les autres espèce, encore à venir.

Chez Interface nous appelons cette initiative entière d'escalader cette énorme montagne sur toutes ses faces, la "Mission Zero®", car nous visons l'empreinte zéro avant 2020. Si nous pouvons le faire, n'importe qui le peut. En plus, nous continuons à rechercher et essayer de comprendre la huitième face; nous savons qu'elle est là, attendant d'être découverte et escaladée.

Aujourd'hui, je considère que l'objectif ultime d'Interface est de prouver le modèle économique et de mettre en place l'exemple irréfutable, indéniable pour les autres entreprises. C'est ainsi que nous pouvons devenir une société réparatrice, rendant plus que nous ne prenons, faisant du bien à la Terre et pas seulement aucun mal, par le pouvoir de l'influence.



Aussi grand que soit le défi de la durabilité pour une entreprise comme la mienne, c'est un défi bien plus grand pour toute la société d'évoluer vers la durabilité. Comment diable le faire ?

Quinze ans d'immersion quasi-totale dans ce sujet m'ont convaincu qu'une société soutenable dans l' avenir indéfini que ce soit sept générations ou mille ou plus dépend totalement et absolument (parmi d'autres choses) d'une énorme re-conception, éthiquement conduite, du système industriel, déclenchée par un changement de mentalité également énorme.

Mais c'est ce qui est difficile : Cela arrivera, cela doit arriver, un esprit à la fois, une organisation à la fois, une technologie à la fois, un immeuble, une entreprise, un cursus universitaire, une communauté, une région, une industrie à la fois, jusqu'à ce que le système entier ait été transformé en un système soutenable, existant éthiquement en équilibre avec les systèmes naturels de la Terre, dont chaque être vivant dépend totalement, même la civilisation elle-même.

Car quelle économie, quelle civilisation, peut exister sans les services fournis par la nature : air, purification et distribution de l'eau (le cycle hydrologique), création et maintien de sol, par conséquent nourriture; énergie, régulation climatique, pollinisation, dispersion des semences, cycle des nutriments, protection contre le rayonnement ultraviolet, contrôle des inondations et les insectes et production primaire nette, le produit de la photosynthèse ?

Si vous avez lu le livre irrésistible de Jared Diamond, Effondrement, vous savez que sa thèse centrale est que la survie culturelle et la survie biologique sont deux choses différentes et que les civilisations peuvent s'effondrer biologiquement, même si leurs cultures prospèrent, mais ignorent les limites de la réalité biologique et écologique qui les entoure, c'est-à-dire, "la capacité d'accueil."

Il me semble que la culture, avec tous ses tabous, présupposés et moeurs, est un reflet de la mentalité d'une société. Alors, qu'en est il de la mentalité qui est à la base de notre culture ? Quel paradigme dominant est la vision générale qu'a la société de la réalité ? Je suggère fortement que nous avons été et sommes toujours, dans les griffes d'une vision défectueuse de la réalité un paradigme défectueux, une vision du monde défectueuse et qu'elle imprêgne notre culture, nous mettant sur la trajectoire de collision biologique de Jared Diamond avec l'écroulement. C'est le paradigme qui est reflété dans l'engouement de notre culture avec la matière.

La vérité d'un nouveau paradigme ne vient pas brutalement à l'existence. Elle aura été là depuis le début. Elle aura juste été obscurcie par la vieille vision défectueuse de la réalité. La terre a toujours été ronde, même quand chacun savait qu'elle était plate. Elle a toujours tourné autour du soleil, même quand chacun savait qu'elle était le centre de l'univers. Les droits divins des rois étaient la "loi naturelle," même quand la révolution se levait dans le Nouveau Monde.

Cette vieille vision défectueuse de la réalité à laquelle je me réfère est celle qui traite la Terre comme si elle était infinie dans sa capacité à fournir la substance nĂ©cessaire pour alimenter le métabolisme du système industriel, alors que clairement par exemple le pic pétrolier à venir (tôt ou tard, mais sûrement, que ce soit dans 10 ans, ou 50 ans, ou 650 ans) nous rappelle de façon éclatante que la Terre est finie ; ou qui traite la Terre comme si c'était un puit infini dans lequel déverser nos déchets toxiques, y compris les gaz à effet de serre dans l'atmosphère.


Une société soutenable, dans l'avenir indéfini, acceptera et honorera la fragile finitude de la Terre.

Cette vieille vision défectueuse de la réalité est celle qui adopte comme durée pertinente pour se soucier des conséquences de nos décisions, la vie d'un être humain, plus probablement la vie active, plutôt que de reconnaître le vrai long terme, le temps évolutionnaire; cela s'appuie sur la notion que la Terre a été faite pour que l'humanité la conquière et la gouverne, pour prendre ce que nous voulons à la nature sans tenir compte des autres espèces qui dépendent de, et même constituent, la nature - nature dont nous sommes aussi une partie, non séparée. Assurément, ce que nous faisons au tissu de la vie, nous le faisons à nous-mêmes.


Une société soutenable adoptera la vision vraiment longue et mettra les humains dans une relation juste avec et dans la nature.

Cette vieille vision défectueuse de la réalité tient que la technologie, associée à l'intelligence humaine du cerveau gauche, résoudra nos problèmes, sans toucher aux attributs extractifs, abusifs de la technologie qui font partie du problème et sans apprécier les attributs de l'intelligence du cerveau droit qui incluent l'esprit humain.


Une société soutenable transformera ses technologies (pour les rendre renouvelables, plutôt qu'extractives ; cycliques, plutôt que linéaires (prendre-faire-jeter) ; bénignes plutôt qu'abusives, dépendant du soleil, plutôt que des combustibles fossiles ; sans déchets et orientées sur l'efficience en ressources, plutôt que sur la productivité du travail) ; et elle se fondera sur l'ascendant des femmes dans les affaires, les professions, le gouvernement et l'éducation, car c'est l'une des plus encourageantes de toutes les tendances, comme les femmes apportent leur nature qui privilégie le cerveau droit, pour peser sur les défis apparemment intraitables créés par nous les hommes à cerveau gauche avec nos préoccupations de résultats financiers et autres considérations "pratiques". Après tout, c'est le pratique et pragmatique qui nous a mis dans ce désastre. Assurément, une autre façon de penser est nécessaire pour nous en sortir.

Cette vieille vision défectueuse de la réalité tient que la "main invisible" du marché est un courtier honnête, quand clairement le marché peut être très malhonnête s'il est aveugle aux externalités quand il établit les prix. Le prix d'un paquet de cigarettes reflète-t-il son vrai coût ? Même pas de loin ! Le prix d'un baril de pétrole ? Pas à 150 $ près, en considérant le coût des guerres au Moyen-Orient et du changement climatique global ! La "main invisible" est myope comme une taupe si les prix sont malhonnêtes. Quel sorte de courtier ou d'allocateur de ressources peut-il être, en trébuchant de ci de là dans sa cécité ?


Une société soutenable insistera sur des prix écologiquement honnêtes, de façon qu'un marché éclairé opére pour la soutenabilité plutôt que contre la soutenabilité.

Cette vieille vision défectueuse de la réalité que l'augmentation de la productivité du travail est la voie vers l'abondance pour tous, quand il est évident dans un monde où la nature diminue et la population humaine augmente que la voie vers l'abondance pour tous passe par l'augmentation de la productivité des ressources, par exemple en ré-utilisant les précieuses molécules organiques pétrochimiques indéfiniment. C'est la logique derrière tous les efforts de recyclage. Même les matériaux inorganiques ont intégré de l'énergie qui peut être récupérée. Et un résultat très important de l'augmentation de la productivité des ressources est que cela donne généralement du travail aux gens dans le processus.


Une société soutenable respectera les limites de la nature et tirera son inspiration de celles ci pour des moyens innovants de conserver les ressources et s'occuper simultanément de la pauvreté.

Car clairement le coeur du défi qui fait face à l'humanité est d'élever les plus pauvres d'entre nous de la misère noire tout en guérissant notre Terre déjà gravement endommagée.

Cette vieille vision défectueuse de la réalité tient que le bonheur doit être trouvé dans l'abondance et la richesse matérielle (les attributs de la richesse), quand nous savons qu'il y a plus dans le bonheur que plus de fourbi. Nous savons que la société de consommation n'apportera pas le vrai bonheur, malgré les messages dont la publicité bombarde nos enfants (et nous) à saturation.


Une société soutenable cherchera un plus haut niveau de conscience et de signification transcendante dans la vie, plus de vrai bonheur avec moins de fourbi.

Cette vieille vision défectueuse de la réalité s'accroche à la croyance que les affaires existent pour faire un profit, quand nous savons dans nos coeurs que les affaires font du profit pour exister et qu'elles existent sûrement pour un but plus élevé. Quel PDG s'attend vraiment à se tenir un jour devant son Créateur pour lui parler de valeur actionnariale ? Ou de part de marché ? Ou de manipulation intelligente d'un public crédule ?


Une société soutenable se rendra compte que, fait correctement, le triple résultat économique, environnemental et d'équité sociale de la Responsabilité Sociétale peut se regrouper sous la bannière de l'authenticité, pour créer un résultat financier vraiment supérieur, totalement éthique, une meilleure voie vers des profits plus grands et plus légitimes, un meilleur modèle économique.

Cette vieille vision défectueuse de la réalité tient que l'environnement est un sous-ensemble de l'économie, vous savez, la partie pollution. Dans nos nouvelles Lumières, nous reconnaissons que l'économie est une filiale à 100% de l'environnement, pour citer feu le Sénateur américain Gaylord Nelson. L'environnement est le parent; l'économie est l'enfant. C'est pourtant le contraire que la plupart de nos économistes semblent toujours croire.


Une société soutenable développera un système économique qui obtient le prix correct économiquement et écologiquement en internalisant les externalités, et qui protège ainsi jalousement le parent, la nature, "la poule aux oeufs d'or."

Changerons-nous de paradigmes à temps et embrasserons nous vraiment cette nouvelle vision de la réalité ? C'est la question de notre ère. Le problème c'est que, c'est à vous et moi d'en décider.



Revenons au présent. Je ne crois pas qu'une seule de ces sept innovations que j'ai décrites plus haut, ou des centaines d'autres, auraient pu se produire chez Interface sans notre engagement à la soutenabilité, parce que la lunette de la soutenabilité ouvre des façons nouvelles et différentes et meilleures de penser et de voir le problème, grâce à une nouvelle mentalité, une vision meilleure et plus précise de la réalité; et cela mène à un avantage compétitif significatif.

Ce nouveau modèle économique, ce nouveau paradigme industriel, a un nom que j'ai déjà mentionné : "réussir en faisant le bien." C'est une meilleure voie.

Réussir en faisant bien : la cause et l'effet, l'effet et la cause, enroulés ensemble dans une boucle de rétro-action qui est bonne pour la Terre. Comme le triple résultat final de la Responsabilité Sociétale se rassemblera dans ce résultat financier supérieur, les entreprises voudront partout imiter l'exemple. Et voilà comment un système industriel entier peut avancer vers la durabilité, une entreprise à la fois, en commençant par les premiers moteurs, puis les disciples rapides et un jour que nous espérons proche les nombreux modérés qui représentent le courant dominant.

Ainsi, chez Interface nous nous sommes demandés : que pouvons-nous faire de plus en tant que premiers moteurs, d'autres que continuer à escaladerer, constituer un exemple et nous étonner de ce que d'autres n'embrassent pas l'exemple plus rapidement ? Et nous avons décidé que peut-être nous pouvions faire quelque chose pour aider à accélérer la transformation du système industriel.

Après plus de 15 ans d'immersion totale dans ce nouveau paradigme chez Interface, nous savons comment faire la soutenabilité. Donc, Interface met en place une capacité, un branche de conseil, pour qu'elle soit un activateur pour d'autres sociétés industrielles qui veulent raccourcir leurs courbes d'apprentissage pendant qu'eux, aussi, commencent à faire pour avancer vers la durabilité. C'est le rôle du Sherpa. Quand nous avons commencé notre recherche en 1994, il n'y avait aucun "manuel pratique" déjà existant. Nous avons écrit notre propre manuel pour nous mêmes et le vivons chaque jour. Maintenant nous invitons d'autres entreprises à profiter de cet apprentissage basé sur l'expérience. Nous croyons que ce que nous avons appris a une grande valeur.

Jim Hartzfeld, qui a été partie intégrante de notre initiative de soutenabilité depuis le début, mène cet effort. Nous appelons cette nouvelle initiative, InterfaceRAISE. Il est "à but lucratif," et nous avons l'intention de fournir le meilleur rapport qualité-prix dans ce service comme nous l'avons toujours fait avec nos produits. Car c'est de cette façon que nous espérons devenir une entreprise réparatrice, rendant plus que nous ne prenons et faisant du bien à la Terre, pas seulement aucun mal, par notre rôle comme Sherpa.

Dans toute cette transformation sociétale espérée, particulièrement la diffusion, la dissémination rapide d'une nouvelle façon de penser, il y a un très grand besoin d'urgence. Par la continuation du déclin incontrôlé de la biosphère, une très chère personne est en danger ici franchement, en danger inacceptable. Qui est cette personne ? Pas vous, pas moi. Mais, laissez-moi vous présenter celui qui est le plus en danger.

Moi, personnellement, j'ai rencontré cette personne dans les premiers jours de cette escalade. Un mardi matin de mars 1996, je parlais à nos employés, comme je l'ai fait à chaque occasion, cette fois en Californie du sud en essayant de les emmener, ne sachant souvent pas si le lien se faisait. Mais environ cinq jours plus tard, de retour à Atlanta, j'ai reçu un courriel de Glenn Thomas, un de mes employés de la réunion de Californie. Il m'envoyait un poême original qu'il avait composée après notre mardi matin ensemble. Quand je l'ai lu, ça a été un des moments les plus euphorisants de ma vie, parce que cela me montrait qu'au moins une personne avait vraiment saisi! Voici ce que Glenn a écrit et voici cette personne la plus en danger. Voici :

Tomorrow's Child
Without a name; an unseen face
and knowing not your time nor place
Tomorrow's Child, though yet unborn,
I met you first last Tuesday morn.
A wise friend introduced us two,
and through his sobering point of view
I saw a day that you would see;
A day for you, but not for me.
Knowing you has changed my thinking,
for I had never had an inkling
That perhaps the things I do
might someday, somehow, threaten you.
Tomorrow's Child, my daughter-son,
I'm afraid I've just begun
To think of you and of your good,
Though always having known I should.
Begin I will to weigh the cost
of what I squander; what is lost
If ever I forget that you
will someday come to live here too.

Glenn Thomas, ©1996

l'Enfant de Demain
Sans nom, un visage invisible
Et ne sachant ni où ni quand
Enfant de Demain, bien que tu ne sois pas né
Je t'ai rencontré mardi dernier.
Un ami sage nous a présentés
Et par son point de vue qui donnait à réfléchir
J'ai vu un jour que tu verrais
Un jour pour toi mais pas pour moi.
Te connaître a changé ma façon de penser
Car je n'avais jamais imaginé
Que peut être que ce que je fais
Pourrait un jour, je ne sais comment, te menacer.
Enfant de Demain, mon fils-fille
Excuse moi de n'avoir commencé qu'aujourd'hui
à penser à toi et à ton bien
Alors que je sais depuis toujours que je le devais.
Je vais maintenant peser le coût
De ce que je gaspille; de ce qui sera perdu
Si jamais j'oublie que toi
Aussi un jour tu devras vivre ici.


Chaque jour de ma vie après cela, l' Enfant de Demain m'a parlé avec un message simple mais profond, que je me permets de partager avec vous : Nous sommes tous et chacun de nous une partie de la toile de la vie (le continuum de l'humanité, bien sûr, mais en un sens plus large la toile de la vie elle-même) et nous avons un choix à faire pendant notre brève visite à cette belle planète vivante, bleue et verte, l'endommager ou l'aider. Pour vous, cher lecteur, c'est votre appel.