traduit à partir de www.cesc.net/radicalweb/radicalconsultation/hansard/hansard5.pdf par Michel Roudot

La Déclaration Radicale

Dans la suite, le terme 'village' se réfère à toute communauté humaine locale, tant urbaine que rurale.

La Crise Globale

POUVOIR

La vie humaine est aujourd'hui impliquée dans une énorme crise de pouvoir et les dangers qui en résultent portent tous les signes d'une civilisation en état avancé de désintégration et sous la menace d'une éclipse.

GUERRE

Le plus évident de ces dangers est celui de la guerre. Non seulement les armes de guerre modernes représentent en elles mêmes des formes ultimes de destruction, qui menacent la survie de nombreuses espèces, l'homme compris, mais leur existence même crée des peurs et des phobies sur 'la sécurité', qui génèrent un mouvement dangereux précisément vers le type de conflit mondial que leur possession est censée empêcher.

POPULATION

Le volume de la population humaine est clairement hors de contrôle; une détérioration dangereuse de la qualité de vie, même celle éprouvée dans les pays riches, en est déjà la conséquence manifeste et il y a toute probabilité que cela empirera. Les mesures de contrôle des naissances qui ont été imposées aux gens indépendamment de leur identité communautaire et sans respect pour la signification communautaire, ont toujours échoué et continueront sans aucun doute à échouer, car une telle approche cherche à guérir la maladie par certains au moins des éléments de sa cause.

ÉCOLOGIE

Non moins urgente est la rupture de l'équilibre écologique et des systèmes étroitement interdépendants d'entretien de la vie sur la planète par les méthodes modernes, à échelle gigantesque, de production industrielle et agricole. La malice, le gaspillage et le caractère spoliateur de ces systèmes sont au-delà de tout calcul et il est probable que les effets néfastes qu'ils ont engendré en termes d'empoisonnement des éléments de la biosphère, de destruction de nombre d'espèce animales et végétales, de destruction d'immenses zones de forêt et de l'augmentation consécutive, rapide et continue de la désertification de régions énormes de la surface de la terre, gâcheront tout à fait inévitablement la vie humaine pour les générations à venir. On peut en dire autant de l'impasse médicale de nombreux types de médicaments censés permettre de résister aux maladies, qui sont maintenant d'utilisation commune, particulièrement les antibiotiques, qui encouragent un barrage de résistances biologiques, ainsi que les conséquences d'une baisse complémentaire de l'immunité, qui ne peut qu'exposer ceux qui vivent aujourd'hui et leur postérité immédiate à des épidémies mondiales incontrôlables et d'autres dangers biologiques - dans lesquels des populations entières seront automatiquement ou décimées ou détruites.

RESSOURCES

Il n'y a absolument aucune perspective pour que la possession de la plupart des accessoires mécaniques communs dans les ménages des nations 'riches' et de la fabrication en masse desquels les fortunes économiques de ces nations dépendent, puisse jamais faire partie du style de vie des millions et des millions de pauvres et sous-alimentés du monde. Leur production, particulièrement celle des automobiles, est déjà à un niveau de consommation des ressources non renouvelables qui ne peut probablement pas être poursuivi. Toute tentative pour les rendre généralement disponible à une échelle mondiale aboutira à de nombreuses formes d'épuisement des ressource et transformera notre postérité globale en mendiants. Il doit aussi être noté que toute tentative de ne pas le faire, en brisant la dynamique de la production de masse pour des marchés mondiaux, aboutira à une dislocation majeure de l'activité économique. À présent il n'y a littéralement aucune puissance sur terre, à l'exception possible et involontaire d'une mauvaise gestion sérieuse, qui pourrait ralentir la ruée vers la banqueroute des ressources, qui est maintenant en marche.

ALIÉNATION

Le fardeau général (et en augmentation) des maladies corporelles, mentales et de l'esprit qui est maintenant apparent dans tous les pays développés est à la fois la cause et l'effet d'un ordre social profondément malade et suggère une rupture en bloc du monde intérieur de l'espèce humaine dans sa recherche éternelle de l'accomplissement personnel et social. Malgré, et fréquemment à cause, de nombreux changements rapides et complets des conditions matérielles de vie, la plupart des gens sont aujourd'hui devenus étrangers aux types d'accomplissement personnel dans les sphères de la religion, de la culture, du travail et de la vie de famille que leurs ancêtres avaient coutume d'accepter comme naturels. Nos hôpitaux et prisons, comme nos casernes, nos forces de polices et notre bureaucratie économique et politique centralisées, grossissent et se remplissent, pendant que la qualité de la vie pour des millions de gens diminue et devient de plus en plus vide de sens ou de direction. Le vandalisme urbain, un recours addictif à de nombreuses formes de drogues sédatives, stimulantes ou hallucinogènes, combinés avec une acceptation passive d'un destin sinistre, ne sont aujourd'hui que les signes les plus évidents des pulsions destructives, intériorisées et extériorisées, que l'aliénation moderne encourage dans le psychisme humain. Les transformations maladroites des conditions de travail, principal rapport de l'homme avec la réalité, par l'impact effréné des formes irréfléchies de mécanisation, ont privé des millions de gens de tout rôle créateur pour subvenir aux besoins vitaux autant que pour une vie riche en termes d'accomplissement spirituel, et ont eu l'effet direct de créer un mode de vie dénué de sens et de but et un désespoir dangereusement subjectif.

L'Origine de la Crise

ÉCHEC

Aucun de ces facteurs - armements et guerre, excès de population, abus écologique, spoliation des ressources et aliénation sociale - n'est particulier à aucune partie de la planète dirigée par aucune croyance politique particulière; ils semblent prévaloir indépendamment de tout climat politique. Pourtant chaque élément témoigne d'un facteur commun, qui est que les mécanismes sociaux, économiques ou politiques, qui sont censés les diriger échouent en fait à fonctionner. Les sociétés humaines sont hors de contrôle. C'est la cause principale de la crise mondiale; c'est la raison pour laquelle, en dépit de toutes nos avancées dans le domaine du savoir, nous sommes confrontés avec des événements qui nous mènent loin de ces aventures et triomphes de l'esprit qu'elles nous avaient promis, vers un destin de damnation que personne de sain d'esprit ne pourrait certainement désirer.

EXCÈS

Il semble y avoir trois causes principales aux pertes de contrôle et toutes sont en rapport avec des formes particulières d'excès - l'excès de vitesse, de température, ou de taille. Dans le monde de la politique nous sommes concernés principalement par des grandeurs physiques et donc par le facteur de taille; nos sociétés sont hors de contrôle parce qu'elles sont trop grandes. Jamais nos sociétés et leurs infrastructures institutionnelles n'ont été aussi énormes, jamais elles n'ont été aussi ingérable et c'est uniquement le facteur de la taille excessive, qui a une nouveauté et une omniprésence suffisante pour expliquer l'échelle du désastre à multiples facettes auquel l'humanité fait maintenant face. Le gigantisme est devenu l'ennemi public numéro un de la race humaine.

ERREUR

Le risque de guerre ne provient pas du communisme ou du capitalisme, il y a eu une guerre mondiale entre les grandes puissances avant qu'aucun gouvernement communiste n'ait existé et deux grandes puissances communistes ont été autrefois enfermées dans une rivalité mondiale lourdement armée.

GRANDES PUISSANCES

Ce sont principalement les grandes puissances qui font de grandes guerres, parce que la grandeur de leur puissance éclipse l'importance morale et physique de leurs citoyens et parce que dans des unités si énormes le pouvoir est toujours détenu par ceux qui sont les plus experts dans la poursuite du pouvoir, sans se soucier des objectifs moraux, comme une fin en soi. (S'ils ne l'étaient pas ils seraient remplacés par ceux qui le sont.)

GRANDES GUERRES

Dans des unités plus petites les qualités plus humaines (comme le jugement moral) ont plus de place et sont ainsi capables d'influencer plus efficacement le cours des événements. En termes globaux toutes les puissances géantes sont des bellicistes dangereux incapables de contrôler leurs propres actions, tandis que les seules nations qui sont vraiment pacifiques, stables, prospères, libérales et tolérantes sont toutes, sans exception, petites. Il ne s'ensuit pas bien sûr que toutes les petites nations sont paisibles, libres, progressistes ou prospères. Il n'y a pas de lignes droites dans la nature et aucune dans la nature humaine. Il reste vrai néanmoins que l'évidence montre que les petites nations peuvent réaliser des objectifs sociaux désirables; il est aussi vrai que les fédérations géantes peuvent éliminer des guerres intérieurement, mais cela doit être équilibré dans le jugement par leur propension innée pour la guerre extérieurement. La Pax Americanus doit être considérée dans le contexte du Militarisme Americanus mondial. Plus grande est l'entité politique plus grandes les guerres dans lesquelles elle s'implique inévitablement. C'est le défaut de base dans le raisonnement selon lequel une Europe fédérale unie réalisera la paix.

Perspectives Locales

CONTRÔLE HUMAIN

A la lumière de cette conclusion nous sommes confrontés au défi d'effectuer la révolution la plus profonde jamais entreprise dans les affaires humaines, car la survie de l'humanité dépend maintenant de la vitesse à laquelle nos institutions politiques, sociales et économiques peuvent être rendues assez petites pour qu'elles deviennent gérables et sensibles au contrôle humain de la façon la plus adéquate.

ÉCHELLE HUMAINE

Bien qu'une telle conclusion soit contraire à l'opinion communément admise, la race humaine n'a aucun avenir si elle n'agit pas pour adapter son modèle de vie à une échelle proportionnée à son humanité et à sa capacité à mettre en oeuvre ses jugements moraux consensuels. Nos sociétés ne sont pas en crise parce qu'elles mettent en oeuvre telle ou telle croyance économique ou politique; à une échelle monstrueuse toutes ces croyances deviennent ingérable, de même qu'à une échelle humaine presque n'importe quelle croyance que veulent adopter les gens peut être amenée à servir leur but.

RENVERSEMENT

Il y a aujourd'hui besoin d'un examen majeur minutieux de chaque forme de pouvoir, pas dans le but de la rendre communiste ou socialiste ou capitaliste, mais dans le but de la rendre à échelle humaine. Nous avons de façon irréfléchie permis au gigantisme de détruire l'identité politique, économique et culturelle de nos villages et cantons urbains. Ce processus doit maintenant être inversé. Les villages sont les cellules sanguines de la civilisation et c'est une condition d'une santé sociale normale qu'ils disposent d'un pouvoir de décision sans limites sur leurs affaires propres. Une situation où on ne permet aux villages d'assumer que les fonctions autorisées par les besoins du gouvernement central doit maintenant être transformée dans celle où on n'autorise le gouvernement central de prendre en charge que les fonctions que ses villages lui permettent.

SUBSIDIARITÉ

Le besoin de faire prévaloir certains pouvoirs qui sont plus étendus que ceux exercés par le village n'est pas un seul instant remis en question; ce qui est affirmé est que c'est la communauté du village qui décidera de la nature et de l'étendue de sa participation dans ces ententes et que s'il est suggéré que l'on ne peut pas avoir confiance dans le bon sens pratique des gens des villages pour juger sainement, nous devons nous souvenir que ce sont seulement les habitants de villages différents, et peut être disparus, qui le disent.

LIBERTÉ

Au vu des nombreuses menaces sur la liberté qui sont maintenant mises en place par des machines gouvernementales géantes et surcentralisées, il est d'une importance particulière que de telles formes localisées de pouvoir soient rétablies dans les domaines de la police et de l'éducation.

LA TAILLE DES NATIONS

Elle est en grande partie un résultat de circonstances géographiques et d'accidents historiques. Aucun processus de raisonnement conscient ne semble jamais avoir été appliqué à la question et c'est clairement devenu une urgence de le faire. D'une analyse pragmatique des nations existantes il semblerait que le gouvernement efficace et pacifique est le mieux assuré dans les nations de l'ordre de la dizaine de millions de citoyens ou moins. Dans quelques cas vraiment beaucoup moins; la principauté du Liechtenstein a une population de moins de trente mille personnes. Elle a son propre Parlement (complet avec l'opposition) et a un des plus haut niveaux de consommation par personne dans le monde. Il faudrait rappeler à ceux qui sont inquiets des problèmes en grande partie imaginaires de la 'Balkanisation' les avantages impressionnants de la Scandinavianisation , et dans quelle mesure les réels problèmes qui ont fait du terme 'Balkanisation' un synonyme de guerre et de dissentions sont les produits de l'interférence des 'grandes' puissances.

DÉCLIN DES EMPIRES

L'appel à morceler les 'grandes' puissances en unités sensées, contrôlables, à échelle humaine peut bien apparaître décourageant à l'extrême, pourtant peu d'entre elles ont plus d'un siècle d'existence et toutes montrent des signes marqués de déséquilibre, de fissiparité et de déclin. Il y a un siècle le monde était dominé par une demi douzaine d'empires coloniaux géants. Où sont ces empires aujourd'hui ?

GOUVERNEMENT MONDIAL

Il découle de ce qui précède que toute proposition d'établir un gouvernement mondial, qui, s'il était mis en oeuvre, ne manquerait pas d'aboutir à une orgie globale de totalitarisme, devrait être rejetée d'emblée. Un monde constitué de beaucoup de petits états devrait coopérer à de nombreux niveaux et pour un grand nombre de buts, pour les services postaux, le contrôle des épidémies, l'entretien des phares, les normes de sécurité aérienne, et caetera. Il n'y a absolument aucune raison de supposer qu'ils ne le feraient pas comme le bon sens l'indique et qu'ils manqueraient à participer aux autorités séparées qu'ils devraient établir.

L'EUROPE UNIE

Unir l'Europe c'est créer, sottement et inutilement, encore une autre puissance géante au-delà du contrôle de ses citoyens et aider à dresser la scène d'une autre guerre mondiale. Nous n'avons pas besoin d'une Europe sous un drapeau, nous avons besoin d'une Europe aux mille drapeaux de communautés libres de l'Atlantique à l'Oural, qui est la voie directe vers la paix, la stabilité économique et le progrès culturel.

DISPERSION

Pour vaincre le danger de guerre et d'écroulement social le besoin le plus urgent de l'humanité est aujourd'hui de créer un ordre mondial micro cellulaire, non-centralisé, aux pouvoirs dispersés dans lequel l'humanité des gens est partout respectée et reflétée dans le pouvoir qu'ils exercent pour diriger les affaires de leur localité immédiate en termes de leur jugement moral.

Nous déclarons donc ce qui suit :

UNITÉ

Nous sommes le peuple du Quart-Monde, nous représentons un large spectre mondial d'intérêts tant ethniques, culturels et linguistiques, que religieux, économiques, écologiques et communautaires, dont beaucoup ont été submergés à un degré ou un autre par la ruée désastreuse de gigantisme des deux derniers siècles ou plus. Nous sommes unis dans notre détermination à désamorcer l'actuelle crise anarchique de pouvoir en cherchant à créer nos propres modèles sociaux, culturels et économiques comme nous le jugeons bon dans nos propres communautés localisées.

LOCALITÉ

Nous déclarons que ce n'est que par des petites unités sociales, qui peuvent être soumises au contrôle de leurs membres que les peuples du monde vaincront un jour les dangers de la guerre mondiale. Nous appelons à la décomposition de toutes les nations géantes en entités d'au plus dix millions d'habitants environ et à ce que toutes les nations pratiquent et respectent le principe de la prise de décision non-centralisée, à l'échelle humaine, démocratique au niveau du village. Nous insistons pour que le pouvoir politique et économique dans chaque nation soit si localisé qu'aucun gouvernement central n'englobera jamais de nouveau la capacité de quelque acte d'agression militaire ou économique à grande échelle que ce soit contre ses voisins.

POPULATION

De la même manière c'est seulement par de tels moyens qu'ils peuvent résoudre le problème de l'excès de population, rendre effectif un respect véritable pour leur environnement matériel afin de vaincre le péril écologique et d'en finir avec la malédiction de la privation de vie et de société qui touche maintenant des millions et des millions de gens dans de nombreuses parties du monde. Nous et nos voisins avons rarement désiré ce développement du gigantisme , y avons très souvent résisté avec acharnement, l'avons rarement accepté et maintenant nous en proclamons notre rejet total.

GOUVERNANCE

Nous affirmons à sa place notre droit inaliénable de vivre comme des peuples libres, indépendants, autonomes et auto-gouvernés et nous rejetons la validité de toute disposition, même imposée depuis longtemps, particulièrement par des unités politiques géantes, qui ont pour but la permanence du déni de ce droit.

AUTONOMIE

Nous affirmons de plus notre droit dans nos propres villages ou communes urbaines à faire fonctionner et à contrôler nos propres écoles, hôpitaux, forces de police, banques, industries, échanges commerciaux et dispositions de transport, formes de taxation et autres sujets d'intérêt communautaire comme il nous semble bon, sans interférence ou contrainte externe.

COOPÉRATION

Nous acceptons la nécessité d'un grand nombre de formes d'association et de coopération à travers les frontières locales et nationales, au moins pour atteindre l'enrichissement potentiel de la vie humaine qu'une telle coopération peut assurer; nous sommes heureux de reconnaître ce besoin et tout en répudiant le non-sens morne et inconsidéré du ` gouvernement mondial ', qui ne pourrait être qu'une dictature globale basée sur un cauchemar bureaucratique monstrueux, nous cherchons un beaucoup plus grand degré de coopération transnationale qu'il ne prévaut aujourd'hui dans les sphères politiques, économiques et sociales spécifiques. Nous affirmons notre empressement à participer à une telle coopération partout où les intérêts mutuels ou généraux des gens sont mieux servis de cette façon, mais en cela nous nous réservons le droit inaliénable de décider de quelle façon nous participerons, et la pleine liberté de nous retirer à tout moment de telles ententes.

DANGER

En termes généraux nous affirmons que tout état qui excède des dimensions modestes, à échelle humaine, a un risque sérieux d'être incapable de contrôler entièrement ses propres affaires et est ainsi un danger pour son propre peuple et les autres, en termes de guerre, d'excès écologique et de dislocation économique : plus grand l'état, plus grand le danger.

PARTAGE

La leçon sinistre de la vie politique du 20ème siècle, qui a déjà infligé plus de meurtres, souffrances et infamies au peuple qu'il n'en a été commis dans n'importe quelle période antérieure, est que la seule forme sûre de pouvoir est le pouvoir partagé. Nous affirmons donc de plus que même dans de telles nations à échelle humaine, pour surmonter les dangers de la guerre et de la croissance trop importante de la population, pour arrêter la diffusion du vide spirituel de l'aliénation de masse, et pour élargir les frontières de la liberté, il y a un besoin urgent d'un nouveau respect pour les droits et les pouvoirs de décision et de contrôle des institutions tant politiques qu'économiques par les membres des communautés localisées dans leurs villages, cantons et paroisses selon le cas, dans chaque partie du monde. Un programme de pouvoir politique et économique non-centralisé tel qu'il est ici imaginé est une garantie essentielle pour empêcher que le pouvoir de l'état soit saisi par n'importe quel groupe dans un but de guerre, accroissement ou oppression.

DÉCENTRALISATION

Pour la même raison nous affirmons ici notre opposition sans réserve à toute tentative d'augmenter la taille ou l'échelle d'unités politiques ou toute évolution vers plus de centralisation gouvernementale. Nous dénonçons de telles tendances comme susceptibles de mener à une nouvelle perte de contrôle humain, pour aboutir à de nouvelles atteintes à la liberté et à une nouvelle augmentation des dangers globaux actuels.

GUERRE

Nous invitons les gens où qu'ils soient à mettre fin à la malédiction de la guerre mondiale en répudiant le gigantisme incontrôlable qui en est la cause principale; nous poussons au démembrement de toutes les entités de pouvoir géantes en nations sensées, à échelle humaine, et contrôlables de moins de dix millions de personnes qui seront dirigées sur la base d'un degré maximal de pouvoir non-centralisé en investissant de tous les pouvoirs de gouvernement les communautés de village.

ÉCOLOGIE

À moins que nous ne transformions nos styles de vie et ne fassions une estimation plus réaliste de la résistance des systèmes de support mutuels de la biosphère, de grandes parties de notre planète, dans quelques générations, pourraient devenir inhabitables. Nous pressons chaque village et chaque communauté de la taille d'un village dans le monde, particulièrement dans le monde avancé, d'examiner l'impact de son mode de vie sur l'écologie de la planète et d'ordonner les changements qui assureront que ce qui est maintenant écologiquement nocif soit rendu stable et inoffensif.

RESSOURCES

Le style de vie des nations riches exige beaucoup des ressources finies de la planète, ce qui ne peut qu'élargir le gouffre entre les peuples riches et les pauvres et faire des mendiants de la postérité des deux en dégradant leur habitat. Nous appelons à un réexamen immédiat de ce style de vie, particulièrement par les communautés des pays riches, dans tous les détails où des ressources finies sont consommées, pour établir un mode de vie qui soit avantageusement durable pour tous les peuples.

LIMITES

Nous appelons à une fin du gaspillage et des politiques, qui supposent un rôle accessoire des ressources de l'habitat vis à vis de la recherche d'une expansion économique illimitée. Nous demandons au lieu de cela un sens profond de révérence pour tous les éléments de l'ordre naturel et une politique mûrement réfléchie d'économie et de gestion prudente de toutes les ressources planétaires, en place de la politique présente d'exploitation et de maltraitance, avec leur indifférence dangereuse aux effets conséquents sur les équilibres interdépendants de la biosphère, dont dépend le bien-être de toute vie.

GASPILLAGE

Nous condamnons la façon rapace dont on gaspille les ressources finies du globe, comme en témoignent particulièrement le voyage aérien de masse et le transport automobile de masse, comme étant ignorant, idiot, gaspilleur et immoral. Nous insistons sur l'adoption de normes de consommation qui mettent le minimum de pression sur ces ressources et qui soient assurées par une dépendance maximale des ressources auto-renouvelables. Nous recommandons vivement aux gens de partout de rejeter les produits qui consomment inutilement des ressources finies, lesquelles constituent l'héritage de toute notre postérité, que nous avons temporairement sous notre garde.

POPULATION

Les mécanismes biologiques en grande partie inconscients, qui contrôlent les chiffres de population dans le monde animal étaient aussi en fonction dans les sociétés humaines jusqu'à des temps tout à fait récents. Ils fonctionnaient sur la base de décisions consensuelles (et fréquemment instinctives) dans de petits groupements. Aujourd'hui il y a un besoin de renforcer ces réponses par un processus conscient de raisonnement; au lieu de cela nous avons en grande partie détruit les petites communautés, qui étaient leur base. Voilà la cause réelle de la crise de population. Aucune petite communauté auto-gouvernée menacée d'être submergée par sa propre croissance ne manquerait de faire quelque chose pour l'empêcher si elle en avait le pouvoir. Nous déclarons que le besoin de pouvoir de base dans nos sociétés de village est impératif pour résoudre la crise de la population humaine. Aucun gouvernement d'une société de masse ne peut résoudre ce problème sinon par des moyens qui sont totalitaires et une atteinte à la dignité humaine. La responsabilité de la communauté sur les affaires communautaires est une condition préalable du contrôle des effectifs de la communauté. Il s'ensuit que le pouvoir communautaire est une condition préalable à la survie de la communauté.

ALIÉNATION

L'accomplissement humain est un produit de la religion, du travail, de la culture et des relations; la poursuite aveugle de la croissance économique comme une fin en soi et les formes géantes d'organisation qu'elle encourage, rabaissent les principes moraux, dégrade le travail humain en un simple appendice des organisations ou des machines, dévitalise la culture en détruisant le pouvoir de créer et de décider, et sape la base de la vie de famille en substituant des dimensions financières aux liens de mutualité et de révérence dans les relations, qui sont le coeur de toute civilisation digne d'intérêt. Nous dénonçons ce processus comme étant inévitablement destructeur du bonheur et du bien-être humains.

CONCLUSION

Nous appelons les gens de partout à répudier la marche au gigantisme et à la perte de contrôle social, à affirmer leur adhésion à la famille humaine et leur devoir d'élever son bien-être en termes de paix, de liberté et de sensibilité écologique en nous rejoignant pour établir LE QUART-MONDE, un monde où le pouvoir est entièrement partagé par les gens dans des communautés de taille modeste qui permettent au processus social de faire pleine justice à la majesté inhérente de l'esprit humain et de servir les potentialités les plus nobles de son génie créateur.